Elle a renoncé à travailler au noir

Décembre 2005, coup de tonnerre dans la vie de Véronique, licenciée pour des raisons économiques. Pourquoi elle? Deux ans auparavant, ce travail avait des allures de cadeau divin après une période de dépression. Pour Véronique, il était nécessaire non seulement au porte-monnaie familial, mais aussi à son équilibre personnel.
Le début des petits compromis
Les entretiens avec la conseillère du chômage ne donnent rien et Véronique sent la vague de la dépression déferler à nouveau sur elle. Prenant le taureau par les cornes, la quadragénaire envoie des CV et démarche des boutiques. Son profil intéresse, mais beaucoup de PME n’ont pas fait les demandes administratives pour avoir plusieurs employés.
On lui propose alors du travail au noir. Excitée de retrouver de l’embauche, Véronique accepte. « Je me disais que cette solution serait provisoire », relate-t-elle. Plusieurs boutiques la sollicitent alors pour des missions ponctuelles. En même temps, elle reçoit les indemnités du chômage pour compenser son salaire perdu. Finalement, une boutique l’engage « au gris »: un contrat est signé, les charges sont rémunérées, mais les heures supplémentaires sont payées « sous la table ».
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«Après tout, ce n’est pas si grave»
«Comment en suis-je arrivée là? Pourquoi est-ce que je trompe l’administration?», se demande Véronique. Engagée dans une Eglise évangélique, elle aime Dieu et désire le servir, mais ses sentiments prennent l’ascendant sur ses valeurs. Seules quelques personnes sont au courant de sa situation, qu’elle banalise en critiquant le système du monde du travail. Devant Dieu aussi, Véronique argumente. Mais son coeur n’est pas tranquille.
La conviction de ce qui est juste
Au printemps 2009, Véronique participe à un week-end chrétien et est interpellée par un message sur la transformation du cœur. Dans la prière, elle prend alors la décision de régler sa situation. Lorsqu’elle aborde le sujet avec sa patronne, la tension monte. Celle-ci profère des paroles blessantes. Véronique prend conscience que, malgré sa disponibilité et son investissement, sa patronne est prête à la remplacer pour ces raisons administratives.
« J’ai réalisé que je n’étais pas à ma place et que je vivais à côté de la volonté de Dieu », se remémore-t-elle. Si la peur l’a paralysée jusqu’ici, elle sait désormais ce qu’elle doit faire: écouter Dieu, donner son congé et ne pas s’inscrire au chômage. Véronique raconte: « Je vivais une lutte entre le cœur et la raison. Si je voulais progresser spirituellement, il était temps d’affronter l’arrêt de mon activité professionnelle et les angoisses que cela suscitait en moi. Ce que je n’avais pas osé faire en 2006. »
Lorsqu’elle donne enfin sa démission, Véronique sait qu’elle a obéi. Elle s’appuie sur la certitude que sa sécurité est en Dieu. « Je me suis sentie comme le fils qui est rentré chez son père après avoir dilapidé son héritage. Je retrouvais une communion avec mon Père céleste. »
Récompensée pour son obéissance
Mais la lutte contre son ennemi intérieur, l’angoisse, continue. La lecture de la Bible et son mari lui sont d’un grand soutien. En thérapie, elle travaille sur ses peurs et particulièrement sur celle de servir Dieu. Perfectionniste, elle n’a jamais bien compris ce verset: « Soyez parfaits comme votre Père est parfait » (Mat. 5, 48). « Ce texte me mettait une pression. Mais grâce à des lectures, et dans la prière, j’ai découvert Dieu le Père d’une manière toute renouvelée ». Et depuis une année, Véronique travaille dans une librairie chrétienne. Elle s’y sent comme un poisson dans l’eau!
Sandrine Roulet
