le regard des autres: un poids ou un stimulant?
Un révélateur
Cela commence très tôt: le regard des parents est déjà primordial pour l’enfant, comme l’explique la psychologue française Isabelle Stoquelet-Dargent. «C’est un véritable révélateur. Il nous permet de nous découvrir et de nous affirmer peu à peu». Nous avons donc besoin du regard des autres pour vivre, ainsi que le résume le magazine Sciences Humaines: «C’est dans le regard des autres que l’individu trouve la confirmation de son existence.»
Le regard des autres peut nous faire du bien…
Quels sont les effets de ce regard? D’abord, il nous fait prendre conscience de qui nous sommes. Il nous renvoie aussi à une image de nous-mêmes, ce qui peut nous amener à nous remettre en question pour mieux aller de l’avant; on peut même y trouver de l’encouragement. D’une certaine façon, enfin, le fait d’être sensible à ce regard montre que l’on ne vit pas replié sur soi.
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… mais aussi nous déstabiliser
Ce même regard peut nous troubler, si l’on manque de confiance en soi. Marine, 31 ans, raconte: «Mon manque de confiance en moi s’est ressenti surtout après la naissance de mon enfant. J’ai choisi de m’accorder une pause professionnelle. Très vite, des amis m’ont demandé quand je comptais reprendre le travail, me conseillant de ne pas trop attendre». La jeune femme a vite été ébranlée dans ses choix, se sentant jugée: «Notre société valorise la réussite professionnelle. Etre mère au foyer n’est plus une évidence et semble même dépassé». Peu sûre d’elle, Marine s’est souvent rongé les sangs en se demandant ce que l’on allait penser d’elle si… «J’avais l’impression de passer pour une personne peu dynamique, qui reste à la maison et qui passe son temps à donner le biberon». En conséquence, elle s’est souvent surprise à se conformer à l’avis des autres, disant qu’elle allait reprendre le travail sous peu, «pour avoir la paix, et pour ne pas devoir me positionner», reconnaît-elle. «Je n’osais plus être moi-même, dire ce que je pensais vraiment.»
Ne plus être soi-même?
Le regard des autres peut ainsi nous pousser à une véritable mise en scène quant à l’image que l’on aimerait renvoyer. Le marketing l’a d’ailleurs bien compris. Nombre de publicités laissent entendre que l’on aura l’air dynamique en revêtant tels habits. Les pubs sur le maquillage nous promettent aussi de nous métamorphoser en star, de nous rendre irrésistible face aux autres. Les réseaux sociaux participent à cette mise en scène: on peut choisir ce que l’on montre pour paraître sous son meilleur jour, quitte à retoucher les photos.
Du regard des autres à celui de Dieu: vers une juste estime de soi
Le regard d’autrui, souvent formaté par celui qui provient des médias, nous incite dès lors à nous conformer à une certaine norme. Mais lorsque nous commençons à lui accorder une importance exagérée et que, sous son influence, nous ne sommes plus nous-mêmes, il peut être le révélateur d’un mal-être, d’une faible estime de soi.
Comment donc reprendre confiance en soi et ne plus subir la norme d’autrui?
Le pasteur français Xavier Lavie nous invite à nous «placer sous le regard bienveillant du Dieu qui nous aime», sous la «norme divine» plutôt que sous celle édictée par la société. En effet, Dieu nous a créés et il est le seul à nous connaître vraiment. Savoir qui nous sommes à ses yeux peut avoir un effet libérateur.
Rita Piguet, coordinatrice romande des Petits Déjeuners Contacts, insiste sur le fait que Dieu nous a voulus uniques: «Nous sommes des créations pensées, réfléchies par l’Artiste. Nous sommes des originaux, pas des copies!». Certaines affirmations de la Bible nous révèlent quel regard Dieu pose sur nous: nous sommes des «créatures merveilleuses» (Ps. 139, 14) et précieuses à ses yeux (Es. 43, 4).
Dès que l’on se considère selon le regard de Dieu et selon la place qu’il désire nous donner, on se sent moins atteint par ce que les autres pensent. On peut mieux «trier» les avis ou les conseils. Marine s’est sentie confirmée dans son rôle de maman au foyer suite à des encouragements reçus sous la forme de petites phrases, telles que: «Tu as bien raison, c’est important!», ou encore: «Tu as du courage, je ne pourrais pas m’occuper de mon enfant toute la journée!».
Le chemin que l’on est appelé à suivre peut sembler déroutant ou inquiétant par rapport à d’autres. Mais Dieu nous a donné une personnalité spécifique: dès lors, n’est-il pas passionnant de réaliser que notre parcours ne ressemblera pas à celui d’une autre personne?
Rebecca Piaget
