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Soins psychiatriques: briser le tabou (2/2)

© Getty Images
Aujourd’hui, on distingue plus volontiers les troubles spirituels des troubles psychologiques chez les chrétiens. Mais quelles sont les différences d’approche?

Comment distinguer les troubles psychologiques des maladies psychiatriques ou des problèmes spirituels? Pas toujours facile de s’y retrouver, dans la jungle des spécialistes de la santé mentale. Cherchant à découvrir si «foi» peut rimer avec «psy», SpirituElles a interviewé Frédéric Siegenthaler, pasteur chargé d’enseigner l’écoute pastorale, Anne Pelet, spécialiste en médecine psychosomatique et Rashad Chichakly, psychiatre. Tous trois chrétiens et chacun avec sa spécialité, ils ont expliqué leur façon de procéder.

Des approches complémentaires

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Frédéric Siegenthaler explique que lorsqu’il est sollicité par un chrétien, il lui propose une série de cinq entretiens. Pour certains, c’est tout à fait suffisant. Pour d’autres, il faut faire un pas de plus. Si le pasteur estime que le cas de la personne pourrait nécessiter la prise de médicaments, il recommandera un suivi par un médecin ou un psychiatre. Le cas échéant, il orientera la personne vers un thérapeute spécialisé dans un domaine différent, tel qu’un thérapeute familial ou de couple, ou un spécialiste des addictions par exemple.

Le psychiatre Rashad Chichakly – pour qui la profession est «une vocation, un appel de Dieu» – souligne que parmi les pasteurs avec qui il est en contact, nombreux sont ceux qui maintenant savent différencier les problèmes spirituels des problèmes psychiatriques. Il observe aussi que l’idée selon laquelle les «psys» éloignent les gens de Dieu est moins répandue aujourd’hui que par le passé. Il constate par ailleurs «qu’il vaut mieux un psychothérapeute laïc et doué qu’un médiocre psychothérapeute chrétien». Un professionnel qualifié saura en effet reconnaître et valoriser les valeurs spirituelles de ses patients.

Un métier de discernement

Anne Pelet propose à tous ses nouveaux patients – et ce peu importe leur arrière-plan religieux – de s’interroger sur leur spiritualité et leurs croyances à l’aide d’un questionnaire. Pour la médecin, les ressources spirituelles font partie des ressources personnelles du patient et il est important qu’elles puissent les intégrer dans la démarche thérapeutique. Elle divise les souffrances psychiques en deux grands axes, distinguant les maladies qui atteignent les personnes de manière ponctuelle des maladies chroniques.

Dans la première catégorie, elle décrit des personnes qui, d’un jour à l’autre, ne peuvent plus «fonctionner» et doivent être mises en arrêt de travail, présentant des troubles tels que l’anxiété, la dépression, le burn-out. Ces personnes ont besoin d’un accompagnement pour identifier les raisons qui les ont menées à cette crise, analyser ce qui ne va pas dans leur vie et faire un travail de fond pour trouver un nouvel équilibre et réintégrer la vie active. Dans ces cas, les médicaments sont utilisés en accompagnement, de manière passagère.

Dans la seconde catégorie, elle identifie des maladies psychiatriques chroniques telles que la schizophrénie, les troubles schizo-affectifs et les troubles bipolaires, entre autres. Pour ces patients, une partie essentielle de la démarche thérapeutique est d’accepter de vivre avec la maladie, de devoir prendre des médicaments et d’avoir besoin d’un suivi sur le long terme. Anne Pelet encourage toutefois ses patients à ne pas se focaliser sur la maladie, mais à continuer à vivre.

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