Le luxe de réfléchir

Il est 19h30, la cuisine est un champ de bataille, ma fille me supplie de lui lire sa nouvelle BD. Mon téléphone vibre: la collègue avec qui je co-anime un atelier demain m’envoie un document et me demande une validation en urgence. Je n’arrive pas à réfléchir. Ma fille insiste, une lessive à étendre me nargue dans son bac et mon ado déboule à ce moment précis pour que je relise son exposé.
Mon cerveau tourne en boucle sans réussir à prioriser quoi que ce soit. Dans ce monde où tout doit être rapide et efficace, réfléchir est presque un acte de résistance. Pourtant, au fond, on le sait que décider trop vite, c’est aussi malin que de foncer en talons aiguilles sur un sol verglacé. De nombreux proverbes bibliques nous rappellent que sagesse et précipitation ne font pas bon ménage: «Celui qui précipite ses pas tombe dans le péché» (Proverbes 19,2).
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Si je prends le temps de m’écouter, quelle envie, dénuée de toute injonction de réactivité, résonne en moi? Si je prends le temps de réfléchir, comment puis-je gérer les urgences sereinement l’une après l’autre, sans les subir en apnée?
«Les projets échouent faute de délibération, mais ils réussissent quand on a pris conseil» (Proverbes 15,22). Encore un proverbe qui nous invite à prendre le temps de la réflexion en nous méfiant du piège de l’urgence. Une sagesse juive dit que le contraire d’aller, ce n’est pas de stagner ni de reculer, mais de se laisser aller. Soit je me laisse diriger par l’urgent, soit je décide d’aller vers ce qui est important.
Alors ce soir, je vais d’abord passer du temps avec mes enfants, l’exposé, la BD, les câlins. Puis je me ferai une tisane en jetant un œil sur le document de ma collègue mais je ne le validerai pas ce soir. Je me coucherai en me donnant la nuit pour y penser. Façon de parler: je vais m’écrouler aussitôt la tête sur l’oreiller… Parce que parfois, la meilleure décision… C’est d’attendre un peu avant de la prendre.
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