Chrétienne et divorcée, comment aller de l’avant?

«Je ne compte pas me remarier, parce que mon histoire a été une catastrophe et m’a laissé énormément de séquelles, de la violence à l’intérieur, de la colère», explique Lilas (prénom d’emprunt), 60 ans. Le divorce bouleverse tout et il faut reconstruire. Pour citer le théologien Alfred Kuen dans son livre De nouveau seul (éd. Emmaüs), «il s’agit de redéfinir son projet de vie et d’orienter sa vie dans un nouveau sens».
Enfin dans le calme
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Lilas n’aime pas la brusquerie. «Durant treize ans, j’ai attendu la phrase qu’il a enfin dite: “Je veux divorcer.”» La déception frappait en effet déjà à la porte quelques semaines après les noces, mais elle voulait divorcer à l’amiable. «Comme il a fini par reconnaître ses torts et était enfin d’accord, ça n’a pas été une guerre.»
Aujourd’hui, son trésor, c’est la paix. «Je vis dans la tranquillité. J’habite dans une pension de famille, donc je peux voir des gens si j’ai besoin d’être entourée, que je veuille parler ou non», poursuit-elle. Le mariage aura été l’inverse de l’harmonie pour elle. «C’était sans arrêt être sollicitée par l’autre. Maintenant, si je veux lire toute la journée, je lis, prier toute la journée, je prie.» Mais Lilas se nourrit aussi des autres: «J’ai des “personnes ressources” auprès de moi. Je recherche des relations profondes basées sur la confiance.»
Laisser mourir pour faire renaître
Selon Richard Krebs, nous connaissons au cours de la vie «des “morts” et des “résurrections”. Les personnes veuves ou divorcées se retrouvent seules et passent par la mort de leur vie conjugale, puis renaissent indépendantes du couple qu’elles formaient» (Vivre seul, éd. Trobisch). Lâcher prise demande du temps. «Je suis en lutte par rapport au pardon, car le mal qui a été fait est très grand. Quand j’aurai pardonné, je serai libérée. J’ai vraiment ce pas à cœur», explique Lilas.
«La première partie de notre vie est derrière nous – quel que soit notre âge. (…) Le divorce a mis un terme à une tranche de vie importante; mais notre vie n’est pas terminée: la “seconde moitié” peut être plus fructueuse que la première», note Alfred Kuen. L’apôtre Paul encourage lui aussi à marcher vers l’avenir, en «oubliant ce qui est en arrière» et en se «portant vers ce qui est en avant» (Philippiens 3, 13-14).
Une réconciliation parfois impossible
Et qu’en est-il du remariage? Deux points de vue chrétiens existent: certains considèrent le mariage comme irrévocable tandis que d’autres le voient comme une alliance qui, si elle est rompue, libère l’autre conjoint de ses obligations. La théologienne Valérie Duval-Poujol considère notamment la violence comme une rupture de contrat, puisque le mari a juré à sa femme de la chérir. Il en va de même avec l’adultère (Matthieu 19, 9). Autre situation: «Si le non-croyant se sépare, qu’il se sépare; le frère ou la sœur n’est pas lié dans ces cas-là» (1 Corinthiens 7, 15).
Pour Lilas, la question est tranchée. Elle en est convaincue: sa chasteté correspond à la volonté de Dieu selon 1 Corinthiens 7, 1: «Une femme divorcée doit se réconcilier avec son mari ou ne pas se remarier. Je ne me réconcilierai jamais avec lui. Mon célibat est donc un choix», termine-t-elle.
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