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Etre une femme: c’était mieux avant ?

Trois femmes au style vintage marqué sont assise sur un canapé, dans un salon. L'une lit un magazine, une autre se maquille et une autre fait du crochet. Le décor est lui aussi dans le style des années 1950.
© Getty Images
Le mouvement «tradwife», qui prône un retour au modèle traditionnel des femmes au foyer des années 1950, gagne en popularité. Faut-il se réjouir ou s’inquiéter d’un tel retour en arrière?
Tiavina Kleber

«On ne peut pas dissocier la montée en puissance des idées masculinistes et le mouvement “tradwife”», explique Joëlle Sutter-Razanajohary, pasteure baptiste. «Ces deux phénomènes sociaux constituent un mouvement d’ensemble qui a déjà été repéré comme un mouvement de retour en arrière face aux avancées des droits des femmes.»

Effectivement, la tendance virale des «épouses traditionnelles» (traditional wives abrégé tradwives en anglais), entre autres sur les réseaux sociaux, apparaît comme un bel outil de propagande pour légitimer le masculinisme. Les influenceuses tradwives arborent des looks vintage des années 1950 et mettent en scène leur vie de femmes au foyer exemplaires. Sur TikTok, leurs contenus font plus de 400 millions de vues. Elles rendent glamour l’idée d’être complètement dépendante de son mari et donnent un nouveau souffle aux valeurs ultra conservatrices auxquelles elles adhèrent.

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Un nouvel élément de comparaison

Très impliquée dans le ministère des femmes de son Eglise, Emeline, 35 ans, rappelle qu’il n’y a rien de mal avec le fait d’être une femme au foyer. Pour autant, cette maman également assistante médicale est mal à l’aise avec le phénomène: «On promeut un style de vie qui sonne faux et qui n’est véritablement épanouissant que pour une poignée de femmes privilégiées, dont le mari est bien né et bien fortuné.»

Alors que la parole se libère sur la charge mentale écrasante qui pèse sur les femmes et sur les inégalités au sein du couple en matière de travail domestique, les tradwives assument de prendre en charge, seules, l’entretien du foyer. Certaines poussent le zèle jusqu’à la préparation maison de chewing-gum ou de dentifrice. «Nara Smith a trois enfants, où trouve-t-elle le temps de faire tout ça?», s’amuse Emeline en évoquant la mannequin américaine qui dit vivre ces valeurs. «A-t-on vraiment besoin de tous ces nouveaux éléments de comparaison?»

La crainte de voir les droits des femmes reculer

Certains voient, dans cet apparent retour en arrière, une avancée pour ces femmes qui remportent un tel succès tout en restant à la maison. Toutefois ce succès des nombreuses influenceuses tradwives comme Nara Smith sur les réseaux sociaux, couplé à la montée des violences conjugales inquiètent souvent la presse et les internautes.

Pour Emeline, il s’agit d’un rappel important: «Soyons vigilantes sur les exemples que nous choisissons de suivre. Le plus important, c’est de rester fidèle à la singularité que Dieu nous a donnée. Chacune doit rester libre de choisir sa propre voie.»

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