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Face à la résurgence du masculinisme

Dans l'ombre, un homme et une femme se regardent face à face
© Pexels
Les idées masculinistes pullulent de plus en plus sur les réseaux sociaux, alors que de plus en plus de femmes élèvent la voix pour dénoncer les violences conjugales.
Tiavina Kleber

D’après le Financial Times, les jeunes femmes adhèrent de plus en plus aux valeurs progressistes et les jeunes hommes aux idées conservatrices. On constate en effet un regain d’intérêt pour le masculinisme en Occident, ce mouvement antiféministe qui brandit l’épouvantail d’une «crise de la masculinité» pour défendre un modèle de société où la femme est perçue comme la propriété de l’homme, qui peut d’ailleurs user de violence pour la soumettre. Valérie Duval-Poujol, théologienne, n’est pas surprise: «C’est un phénomène millénaire qu’il faut continuer à dénoncer. Tout ce qui nie l’aspiration à l’égalité n’est pas biblique.» Joëlle Sutter Razanajohary, pasteure baptiste, ajoute: «Au niveau des Eglises, on observe cette tendance autour de pôles de formation très orthodoxes (conservateurs) dans leur doctrine. Et après dix ans de calme, on voit de plus en plus d’attaques virulentes envers les femmes pasteures.»

Aux racines du mal

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Sur les réseaux sociaux, les contenus masculinistes fleurissent: on parle de virilité, de business et de séduction. Pour reconquérir leur place de «mâle alpha» face à des femmes «trop émancipées», les masculinistes tiennent des discours dégradants où les femmes sont réifiées. Selon le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, la persistance des idées sexistes dans la société peut expliquer en partie les violences envers les femmes.

Murielle Selon est l’auteure de La violence conjugale dans les Eglises évangéliques en France (éd. L’Harmattan) et y analyse les ressorts de cette violence qui, selon son enquête, affecterait 36% des femmes protestantes évangéliques françaises. Pour elle, «les comportements machistes se manifestent parce que les idées sexistes sont ancrées dans les populations évangéliques».

Trou dans la formation

Murielle Selon a aussi constaté un problème dans l’accompagnement par les pasteurs: «Les pasteurs écoutent et prient pour les couples, ils pensent bien faire, mais ce n’est pas adapté», déplore-t-elle. «Il y a toujours très peu de formations en violences conjugales et les pasteurs ne sont pas équipés», affirme Valérie Duval-Poujol. Pour la bibliste, combattre les discours misogynes est essentiel: «Il faut un enseignement sur les textes de la Bible qui ont été utilisés comme arme de soumission massive. Il n’a jamais été écrit “hommes, soumettez vos femmes” dans la Bible.»

Il y a pourtant beaucoup d’espoir. Par exemple, face au sexisme dans les milieux chrétiens, Joëlle Sutter Razanajohary a créé l’association Servir Ensemble qui promeut l’égalité homme-femme dans l’Eglise: «L’objectif est de rassembler les théologiennes, de s’encourager, de soutenir et de rendre visibles les femmes qui sont déjà dans le ministère» et qui ont des responsabilités dans leur Eglise.

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