«La simplicité consiste avant tout en une disposition du cœur», affirme Philippe Madre, médecin et diacre, dans son ouvrage La simplicité de cœur (éd. Pneumathèque). Il relève que «la première communauté chrétienne était tout imprégnée de simplicité»: il est écrit dans la Bible que ces croyants «prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur» (Act. 2, 46). D’où leur venait ce fonctionnement exempt d’artifice? «Jésus est l’exemple suprême en matière de simplicité de cœur», affirme quant à elle Suzanne Hossack, traductrice de la Bible. Elle explique qu’en tant que Fils de Dieu, Jésus aurait pu tenir des discours théologiques d’une opacité déconcertante et pourtant il a su communiquer avec de simples pêcheurs. Même les enfants éprouvaient du plaisir à le côtoyer.

Pas «simple» pour autant

L’authenticité de Jésus ne concerne pourtant pas seulement le bien-être ressenti par ses interlocuteurs. Suzanne Hossack rappelle ce texte du Nouveau Testament: «Il n’a pas regardé son égalité avec Dieu comme un butin à préserver, mais il s’est dépouillé lui-même en prenant une condition de serviteur» (Phil. 2, 6-7). D’après la théologienne, cette simplicité a permis à Jésus d’accepter de s’humilier et d’obéir bien qu’il se sache absolument l’égal de Dieu.

Elle relève que son exemple nous permet de mieux cerner en quoi nous sommes appelées à lui ressembler. Notamment lorsqu’il est demandé aux «serviteurs» – ouvriers, collaborateurs ou salariés actuels – de se soumettre à leurs patrons «avec crainte et tremblement dans la simplicité de votre cœur, comme à Christ» (Eph. 6, 5). Non par infériorité, mais en prenant Jésus comme modèle.

Au cœur de la sobriété

«Ce qui compte pour celui qui aspire à la simplicité, c’est ce qui vient du plus profond de lui-même, de son cœur», souligne Philippe Madre. En d’autres termes, une simplicité de cœur évidente à l’extérieur sera le fruit d’une pureté de cœur intérieure. C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve dans les écrits d’un moine du 15e siècle, Thomas von Kempen: «L’homme s’élève au-dessus de la terre sur deux ailes, la simplicité et la pureté. La simplicité doit être dans l’intention et la pureté dans l’affection. La simplicité cherche Dieu, la pureté le trouve et le goûte.»

Mais qui dit «simplicité» ne dit pas «niaiserie», affirme Oswald Chambers dans Tout pour qu’il règne (éd. LLB). Selon lui, «la pureté va bien au-delà de l’innocence» car pour être pur, il faut avoir fait le choix de ne pas commettre de péché. Voilà sûrement pourquoi Jésus a encouragé ses disciples à être à la fois «prudents comme les serpents» en reconnaissant le mal, mais aussi «simples comme les colombes», en restant purs.