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Que ton amour me surprenne!

La chronique RelationnElle d'AnLo Piquet
Anlo Piquet

C’était après les huit semaines de confinement, le premier matin où certaines écoles rouvraient leurs portes.

J’accompagne mon fils. La ruelle, d’habitude remplie de cris d’enfants qui chahutent, est déserte. Je croise alors une maman que je connais sans connaître. Nous ne nous sommes jamais parlé, mais je l’ai souvent aperçue « avant ». Nos regards, au-dessus de nos masques, sourient démesurément. La chaleur de nos « bonjour » étouffés par le tissu dépasse de loin la formule mécanique habituelle. Je vois ses yeux briller, je sens les miens s’embuer. Je ressens une envie folle de pleurer et de lui dire que je l’aime.

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Ma raison reprend heureusement le dessus pour rationaliser: cette maman est le premier vrai contact dans cet « après » en dehors de mes proches, du facteur et du livreur. En m’éloignant, je me suis dit qu’« avant », cette maman m’était complètement indifférente. Je suis bouleversée par l’amour inexplicable et irrationnel que je ressens: elle n’a rien fait pour le mériter à part être là.

Alors? Nous sommes-nous souri à nouveau? Oui. Avec la même intensité qui nous avait cueillies à l’époque? Non. La vie a repris son cours, la ruelle est à nouveau bruyante, notre « bonjour » est redevenu politesse.

Je repense à cet amour sans réserve et sans raison, affranchi de toutes les conditions que je peux y mettre et de toutes les affinités qui orientent d’habitude mes sentiments. C’est comme si j’avais eu un aperçu de l’Amour inconditionnel de Dieu pour nous. Quel désaccord, quelle déception, quelle incompréhension peut faire le poids contre cet Amour, dès lors qu’on le laisse nous traverser?

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